EMBLEMATIQUE I  séries photographiques, Flers, 2015. Centre d'art 2angles. SG©

Se reconnaitre entre adversaires est à l'origine de l'art héraldique. Militaire puis identitaire ou corporatiste, le blason incarne le noyau, la cellule derrière se regroupent des individus qui se distinguent les uns des autres, cultivent leurs singularités, leurs attributions, fonctions, possessions terriennes, humaines et matérielles.
Il rassemble et divise en même temps.

Aujourd'hui, les  nouveaux blasons s'appellent des marques, des logos, des publicités, des enseignes, gages de l'accès à une  vie idéale, bien remplie, qui nous est promise, comme une terre inaccessible devant une profusion inépuisable.  
 Le repli sur soi, l'entre soi, l'oubli de l'autre, l'oubli de l'essentiel peuvent devenir faciles tant ces protections sont illusoires.

Ces porteurs de blasons, les "tenants" selon l'ancienne tradition, sont invités à faire corps avec le lieu qu'ils habitent et qu'ils contribuent à faire exister.  à porter littéralement le reflet du réel extrait de la ville ou de ses jardins.

Présenter ces lieux de tous les jours comme primordiaux, érigés en reflets permanents fondateurs pour tous d'une émotion collective, celle qui vient du  coeur. Le blason, celui qui autrefois rassemblait et divisait dans le même temps, devient ici autant unique que collectif dans notre faculté à se projeter dans l'autre, l'empathie espérée dépassant les limites identitaires, et les valeurs refuges factices. Une identité universelle qui va au delà des clichés et puise sa force dans le vivant.